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Ulrich Stoll nous offre un documentaire d’une heure sur la production de dessins animés en Allemagne durant la deuxième guerre mondiale. De facture très " docu " (contrairement au film de Kevin Macdonald sur Errol Morris), nous avons ici une petite oeuvre pas du tout prétentieuse, s’affichant pour ce qu’elle est : un documentaire tentant de relater les faits avec le plus d’objectivité possible. Un regard descriptif de la technique allemande (en forte compétition à l’époque avec celle des États-Unis, et plus particulièrement celle de Disney) ; un regard sur les dessins animés et leur exercice de propagande pour le 3ième Reich en parallèle à leur rôle de pur et simple divertissement en ses temps sombres. Temps où la mort festoie malgré les canaris égarés, les petits chiens amusants et tous les autres animaux dansant en ronde sur la musique… quelle musique? Celle de l’orchestre pour le film, ou bien la vraie qui accompagne chaque voyage de la grande faucheuse! Stoll réussit parfaitement à combiner une bonne historique générale de l’état politique de l’Allemagne en guerre et son exploration du dessin animé de la place. Il démontre efficacement comment les problèmes politiques et sociaux du pays se font ressentir dans ces animations. C’est d’ailleurs en réaction au refus américain de distribuer Blanche Neige en Allemagne que Joseph Goebbels, chef de propagande nazi et amoureux de film animés, ordonna en 1941 que la production de dessins animés débute (le Deutsche Zeichenfilm fut fondé). Ulrich Stoll nous présente en interview, beaucoup de dessinateurs de l’époque et un bon petit nombre de productions animés du Deutsche Zeichenfilm et de ses studios frères (créés par la suite dans les années 1942-43). Ces interviews sont très bien portés, le principale intérêt du film de Stoll étant de découvrir la production animée du temps et non de produire un autre document contre le nazisme. Le cinéaste évite donc dévier les discussions vers de tels débats - il évite également de faire en sorte que le spectateur s’oppose moralement à ce qu’il voit. Il ne montre pas les Nazis de façon sombre ou maléfique - s’en tenant à son propos. Plutôt, on sent chez Stoll un intérêt à traduire les caractères politiques et raciaux de chaque film abordé, relevant par exemple les traces d’anti-sémistisme qu’on pouvait y lire (ex.: Dans un de ces films, un juif, sombre, au rictus déformé, la barbe forte et noire, s’introduit dans une forêt comme un voleur pour, dans le temps d’un éclair, subtiliser toutes les feuilles d’or du petit arbre qui a tant travaillé à devenir doré). Plus le film avance et plus nous avons des images de guerre (tout de même à faibles doses) entrecoupées par ces dessins animés dans lesquels, par exemple, les abeilles sont l’escadrille de l’air mitraillant l’ennemi. Subtilement, Stoll construit une trame formelle transformant notre vision des extraits animés présentés… et ce, avec la force de son montage. Une œuvre réussie, s’appuyant sur une documentation diversifiée et étendue. Le travail de Stoll est intéressant et bourré de subtilités.
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