Gauthier, Patrick. Le Journal de Montréal du
samedi 19 janvier 2002. p. 44
I
Am Sam
Ça
flotte sur la guimauve
I Am
Sam a tout du mélodrame qu'on présente régulièrement
à la télé les après-midi pluvieux d'automne.
Et si le film est aussi manipulateur que ces extracteurs à larmes,
une réalisation inventive, une distribution solide et une certaine
poésie lui permettent de garder la tête hors de la guimauve.
Sam (Sean
Penn) est un autiste sans problème, responsable et parfaitement
autonome. Mais Sam, dans sa grande bonté héberge un jour
une sans-abri qui , pour le remercier, fout le camp, neuf mois plus tard,
laissant le handicapé mental avec un bébé sur les
bras.
Aidé
de ses amis puis d'une avocate récalcitrante (Michelle Pfeiffer)
Sam tentera de conserver la garde légale de sa fillette lorsque
celle-ci, à huit ans, dépassera finalement le niveau intellectuel
de son père.
Avouez que
ça sent le mélodrame à plein nez. Pourtant I Am
Sam est un bon film.
La première partie raconte la belle histoire d'amour qui se tisse
entre Sam et Lucy Diamond (l'autiste est un grand fan des Beatles). La
seconde se déroule dans une salle de tribunal, où l'on se
questionne sur ce qui fait la qualité d'un parent. Bien sûr,
l'amour triomphera. Du moins en partie.
I Am Sam
repose en grande partie sur la performance de Sean Penn. Qui est excellent
bien que sa performance ne soit pas aussi impressionnante que certains
l'affirmeront. Après tout, si Jean-Marc Parent est capable d'imiter
un handicapé, imaginez ce qu'un acteur de la trempe de Sean Penne
peut faire
Pfeiffer,
elle, est solide presque du début jusqu'à la fin. Malheureusement,
son grand moment à l'écran est un peu raté : après
une longue crise d'hystérie, le visage de l'actrice ne montre ni
joues rougies, ni yeux larmoyants, bref aucun des signes qu'on s'attend
à y retrouver.
La petite
Dakota Fanning est pour sa part délicieuse.
La réalisatrice
Jessie Nelson, qui n'avait rien fait de transcendant jusque-là
(Corrina Corrina, entre autres), livre un film qui dénote d'un
réel talent. La cinéaste réussit avec une caméra
inventive, à mettre le spectateur dans la tête d'un autiste.
Cette invention,
la perforamcne des acteurs et une certaine poésie, portée
en partie par la bande sonore constituée de relectures des Beatles,
font en sorte que I Am Sam ne sombre jamais dans l'océan
de guimauve sur lequel il flotte.
3.5/5
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