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Assez. Vous aussi, cruels lecteurs, vous ne nous laisserez pas nous en tirer si facilement. Parce que vos commentaires à notre égard ne laisse aucune équivoque. Vous nous avez choisi pour remplir ce rôle ingrat, qui consiste à nourrir le trou béant d'une plaie nauséabonde, à peser sul' bobo afin d'en extraire la matière purulente, pour enfin torcher les excroissances en putréfaction sur un morceau de papier cathodique. Bref, à dire les choses qu'on n'aime pas entendre, parce qu'elles sont pas toujours (en fait, rarement) belles, les choses, au risque de se faire stigmatiser par la prétention. Soit. Nous apprécions lorsque vous sentez le besoin d'abattre vos foudres sur ceux que vous aimez bien haïr, et nous nous engageons à tout faire pour combler ce simple plaisir, qui témoigne de quelques agités dans une mer de blasés. Et ça commence maintenant. Sur Artifice, on ne magasine pas son cinéma. La plupart des films analysés seront disponibles en salle lorsque vous lirez ces lignes. Et autant vous dire tout de suite que si vous ne bougez pas votre cul pour les voir, nous prendrons un malin plaisir à briser toutes les surprises que vous auriez pu en retirer. Nous croyons simplement, ici, sur Artifice, que le travail du critique ne devrait pas se limiter simplement à dire " aller voir tel film et tel autre pas ".
Sur Artifice, on ne donne pas dans cette fausse crédibilité qui consiste à évoquer deux ou trois films d'une époque révolue, en relation avec le film étudié, afin de montrer à tous qu'on connaît le cinéma. Non. Ici, on aspire à une crédibilité plus grande encore. Voyez cette citation de Wolfgang Iser. Ça en jette, non? Un nom allemand pareil, mis en retrait de la sorte. On ne se gênera pas pour citer des gens qui, à un moment ou un autre, ont eu des idées, sous prétexte qu'il faudrait vous ménager et surtout ne pas faire naître dans votre esprit ce doute qui nous accable tous, même ici, sur Artifice, à savoir que vous êtes nuls à chier, au moins autant que nous le sommes. Seulement voilà. Les idées, c'est prétentieux. Pas moyen d'en sortir une de ce grand sac à ordure qu'on appelle une bibliothèque que vous vous sentez tout d'un coup menacés aux tréfonds de votre for intérieur. Au lieu de crier à la prétention, on attend toujours le jour, ici sur Artifice, où vous daignerez nous rentrer dedans à grands coups de Derrida, nous mutiler au cimeterre Deleuze, pour enfin nous rapiécer au fil de fer Foucault. Ou avec tout autre idée que vous croyez naïvement avoir inventée. En attendant, nos textes resteront imparfaits et laisseront les idées en suspens, afin que vous puissiez vous les approprier plus facilement ; afin que vous découvriez, vous aussi, le plaisir qu'on retrouve à se planter misérablement. Artifice remercie Adrian Gonzalez et le FCMM pour leur amabilité et les croissants. |