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City of the walking dead (Écrit sous le choc d'un gros joint de pote) Cette critique débute un vendredi soir dans les locaux du siège social d'Artifice. Je nettoie le plancher de la salle de bains et les cernes d'urine laissés par le directeur des contenus. Celui-ci m'interpelle en gueulant et m'invite à passer dans son bureau. Il porte un chemisier en lin, un pantalon à straps et des tongs turquoises, mais cela est sans importance. Il me dit qu'il a un boulot pour moi, un boulot qui n'a rien à voir avec des chiottes à récurer. Il me propose un concept (c'est ce qu'il dit). Pour un soir, je serai journaliste. Il me demande : « Tu sais reconnaître un zombie ?». Je dis qu'à force de voir son collègue blême, fatigué et maigre, dévorer des « Cheetos » à longueur de soirée, ça m'est devenu facile de reconnaître un zombie. Je suis engagée sur le champ. Le directeur me dit de bien surveiller Mitch Davis, que le festival s'appelle Fantasia (je suis asiatique, je devrais donc apprécier) et me voilà propulsée dans un taxi… 23h50, la longue file de la rue Bleury s'engouffre dans le cinéma Impérial. À minuit on projette « City of the Walking Dead » une grosse connerie italienne de 1980. Les spectateurs ne sont pas dupes (quoique…), le film sera une grosse merde ou ne sera pas. Les zombies seront ringards ou ne seront pas. Mitch Davis fera son showman ou ne sera pas. Quelques connards se sont peinturés la figure en zombies dégueux ; quelques gros s'empressent de faire la queue (après l'avoir déjà faite) devant le comptoir à pop-corn ; une gothique écoule son trash magazine Cannibal Culture ; le vieux cinéma Impérial mouille sa moquette. 00h10, Mitch (ce doux mélange de Sasquatch et d'housse de char), monte sur la scène, empoigne son micro (comme un chanteur de rock 80's) et présente deux péteux, distributeurs de films de peur. Le gros Mitch* organise son petit power trip en faisant tirer des dvds (offerts par les péteux). Les spectateurs sont invités à monter et à mimer une scène d'un film présenté à Fantasia. Un résultat obscène. Des tarés de tout acabit, jouant aux stars du vendredi soir, s'en donnent à coeur joie. Je n'y comprends rien mais, coincée entre deux gras du bide hilares, je ne peux bouger de mon siège. Le film commence et je me demande pourquoi y a autant de gens pour un truc du genre. Et je m'offre cette réponse :
Générique, puis avant même de présenter le héros du film (un grand barbu à la permanente défaillante), on nous dévoile les zombies… Et quels zombies ! Un étrange croisement entre des karatékas pour les aptitudes physiques (ils sautent, courent, manient la mitraillette et le couteau) et des oranges calcinées pour l'apparence. Lenzi déçoit dès le départ avec ses super-zombies faisant sauter le concept élaboré par Georges A. Romero, 11 ans plus tôt. L'horreur zombiesque réside dans la masse et dans la lenteur de cette masse. Il est alors possible pour le héros (ou l'héroïne) de fuir un zombie classique. Mais il est plus difficile de fuir une masse de zombies classiques. C'est alors un destin funeste pour les héros, la société et, finalement, le monde entier. Les zombies de Lenzi s'apparentent davantage à l'homme (par le maquillage et le mouvement) qu'au mythique mort-vivant. Même contre un seul zombie, il est difficile de croire que les héros peuvent s'en sortir. Ces zombies sont forts, agiles (et non lents), verts (et non bleus) mais heureusement, ils sont cons ! Une heure trente plus tard et ils n'ont toujours pas réussi à trucider les héros ! Le film continue avec des poursuites effrénées entre zombies et héros, gunfights peu spectaculaires et meurtres rarement graphiques. Le budget se fait rare, le sang est affreusement rouge et le latex roule sous les doigts des acteurs. J'ai envie de retourner chez moi pour regarder une oeuvre de Franju. Et puis merde, je reste jusqu'à la fin du film et je vous la raconte : Lenzi nous refait le coup archi-connu du film rêvé. À la toute fin, sous la huée des spectateurs, le héros se réveille évitant le cauchemar que l'on vient de subir. Prêt à revivre tout le film… Les lumières s'allument, le rideau tombe et je réfléchis. Le zombie est étrangement comparable au public qui m'entoure. Avides de conneries, les spectateurs se laissent bercer par un récit complètement ridicule, entre les scènes gores, ils sont embrumés. Ils ne réagissent qu'à certaines répliques et qu'aux rares scènes gores. Pour les éliminer complètement, présentons leur un film cérébral que leurs cerveaux ne pourront décoder. Les spectateurs déçus sortent en masse, critiquant à voix haute ce bijou du cinéma d'exploitation. Demain ils reviendront, leur 6 dollars à la main, prêts à affronter d'autres conneries, espèrant rencontrer des zombies moins apathiques, plus voraces. Leur pécule rudement gagné au dépanneur du coin s'envolera contre un ticket stupide pour une projection décevante**. Pour ma part, je rentre chez moi. Je me fais un thé au jasmin, me roule un gros joint de pote et me tourne tranquillement le clitoris en pensant aux ronds urinaires du directeur des contenus d'Artifice.
Hompty Umty Long (la concierge)
* Au nom d'Artifice, je voudrais m'excuser auprès de vous, Mitch Davis, pour vous avoir mythifié à grands coups de jurons et par le fait même, intrigué le lecteur sur votre condition. Ici, chez Artifice, nous respectons votre savoir et votre eau de cologne. Mais notre directeur des contenus est un peu jaloux de votre standing et de votre gras de cou. Voilà pourquoi je suis forcée de vous dénigrer. ** Ici, je vous invite à revoir Last Action Hero de John McTiernan, mon film de chevet. 1. Tant qu`à se répéter, répétons-nous comme du monde. Voir l'édito from a geek.
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