LE CONTINENT DES HOMMES-POISSONS

Italie. 1979. Réalisé par Sergio Martino. Écrit et scénarisé par Sergio Martino, puis fautes d'orthographes corrigées par Sergio Donati. Musique originale composée par Luciano Michelini mais distribution occidentale oblige, «recomposée» par Sandy Berman à l'aide d'un petit bigophone jaune. Montage de Eugenio Alabiso (mieux connu sous le nom d'Eugene Alabiso). Photographie effectuée par Giancarlo Ferrando. Produit à l'aide de quelques cennes noires italiennes. Avec Claudio Cassinelli, Barbara Bach, Richard Johnson et Joseph Cotten... Et Beryl Cunningham dans tout ça ?

Alors que lui (qui ça ?) et ses potes de bagnards échappent à la noyade en s'accrochant à une planche de plywood, voilà t'y pas qu'ils échappent encore aux portes du Paradis en s'échappant de la planche, ce qui les conduira à se ramasser sur le sable chaud (mais granuleux) d'une île (qui ne compte pas pour des prunelles car c'est un continent hein, un continent d'hommes poissons, des hommes amphibies hein...) d'apparence déserte (c'est qu'il y a du sable hein) mais ce n'est qu'une apparence hein! Alors que le lieutenant barbu et tout poilu s'éveille, un autre survivant-rescapé-indemne-mais-amoché se ranime, à la différence qu'il est chauve et très graisseux (mais c'est qu'il est très poilu). Question d'abréger à la fois le film et ce résumé de film, tout le monde en vie se retrouve et, question de précipiter le spectateur dans un climat d'action et de suspense infernal (et aussi, question de ne pas trop le mêler avec une surabondance de bonhommes-poils), un gars tombe dans un trou et meurt.. Oui, il décède pouf comme ça, en tombant... Parait-il qu'un autre gars meurt tout juste avant ça, mais étant donné le fait que j'étais parti péter un gros gaz dans la salle de bain pour ne pas importuner mon voisin de sofa qui lui, à défaut d'être bien concentré, mangeait allègrement des blinis aux œufs de saumon iranien (c'est question de bien s'intégrer dans l'atmosphère de l'oeuvre), je ne pourrai en haranguer. Puis, par la suite, arrivent une belle, un cheval, deux chevaux !!!, un misanthrope paranoïaque à la moustache bien tondue, des Haïtiens, quelques rites vaudous par-ci comme ça (fallait bien tirer profit de la camelote), un scorpion qui apporte exécration et excréments, un sénile décrépit qui pisse partout et qui, pire encore, fait des expérimentation sur les défécations (c'est qu'il est vieux le doc') humaines, animales et minérales, un volcan crachant une pisse chaude et quelques hommes-poissons (le trait d'union est bien important). À la fin, tout le monde resté en vie aperçoit un gros galion... Tout le monde (et nous par la même occasion.. et c'est une occasion à prendre) est sauvé... Mais si c'était un mauvais rêve ??? Le cauchemar devenant réalité ??? Ah!!! On m'indique que je me trompe avec CITY OF THE WALKING DEAD... Ah... Ah bon... Enfin... et la critique dans tout ça ?

Réalisé la même année que l'APOCALYPSE NOW de Coppola ou encore que le MR. MIKE'S MONDO VIDEO d'O'Donoghue, LE CONTINENT DES HOMMES-POISSONS reste un film tout de même intéressant sous plus d'un aspect, en particulier sa pochette toute faite de beau plastique translucide et d'une grosse épaisseur qui fait l'euphorie de tout fétichiste et/ou collectionneur (???). Mais venons-en à la critique elle-même, ce qui fait le plaisir même du cinéphile de qualité, vrai, pur et dur (ou pur, vrai et dur, c'est selon l'envie). Si j'avais dégoté au commencement du ruban magnétique quelques problèmes du côté de la bande sonore, c'est tout simplement parce que je n'avais pas remarqué le gros MUTE vert au coin supérieur droit de mon écran de télévision. Car à part ce petit problème, il est clair que nous avons droit à un autre grand chef-d'oeuvre tout droit sorti de la banquise méditerranéenne (une banquise qui nous a déjà donné par le passé quelques adorables péplums homosexuels sans oublier une centaine de zombies œdipiens) racé au quart de tour par un montage expérimental qui ne se cache pas pour faire peur au spectateur en utilisant une technique vraiment singulière (oui, on donne une impression de vieillerie à la pellicule afin de plonger l'auditeur dans une ambiance de reportage de vieille époque tout droit sorti de l'époque des Frères Lumière - ici on m'apprend que tout cela n'est que l'oeuvre du passage du temps et d'un mauvais transfert de film... comme quoi, les années ne peuvent que bonifier le répertoire cinématographique international). Mais je suis perdu... Où en étais-je ? Ah oui ! La critique... Continuons, continuons... Venons-en au scénario.. Alors, oui, ce scénario, qu'est-ce qu'il apporte ce petit scénario ? Présentation percutante et fort originale de phénomènes métapsychiques par l'addition au récit d'une relation télépathique entre mademoiselle Bach et ses subordonnés amphibies, en plus d'apporter une critique des relations homme/femme alors qu'à quelques 12 000 kilomètres de là, une ambassade américaine était prise en otage par des fondamentalistes musulmans qui allaient réprimer les femmes... C'est que tout est lié : fond, forme, egg-roll, sauce tonkinoise, etc. ! Martino a toujours concocté un cinéma politique (voir ses CHOPPER SQUAD, STRANGE VICE OF SIGNORA WARDH et autres pamphlets réactionnaires) et divertissant, de là l'utilisation d'un contexte exotique des plus rafraîchissant (poussières, sueurs, soupes tropicales bouillonnantes, exclamations créoles autour d'un petit feu, etc.). Il va s'en dire que Martino a puisé dans divers contes et légendes tout en s'inspirant de diverses données scientifiques de l'époque afin de crédibiliser son histoire d'Atlantide emportée par les torrents jusqu'en pleine mer des Caraïbes. Mais ce chef-d'œuvre ne s'arrête pas là, l'emploi d'une caméra pour filmer des décors et des comédiens, des animaux bien dressés, une confection étonnamment crédible de colliers en pierre qui siéent parfaitement bien avec les acteurs d'origine Africaine et un effet de distanciation intellectuelle provoqué par les bonbonnes à oxygène accolées sous le costume de latex des acteurs personnifiant les fish-men ne sont là que quelques magnifiques qualités que possède ce SCREAMERS (car oui, c'est là le titre anglais de cette besogne filmique italienne, l'affreux Christian Duguay n'a donc en rien à être fier de son minuscule petit thriller de science-fiction qui emprunte par-ci par-là quelques idées du film de Martino, Sergio Martino.). Ultérieurement, ce même Martino ne nous défrisera pas l'enthousiasme des poils de cul avec un second chef-d'œuvre contemporain : 2019 APRÈS LA CHUTE DE NEW YORK. En un seul mot : GÉNIAL (et les comédiens eux ? GÉNIAUX !!!) !


Cote Médiafilm
: 2

Valeurs morales
: Cette réprimande de la dictature (car oui, il y a ici réflexion sur les pièges du pouvoir dictatorial) peut inciter le spectateur à pousser quelques hurlements alors qu'il se masturbera afin de voir s'écouler les minutes plus rapidement.


(2) LE CONTINENT DES HOMMES-POISSONS
It. 1979. Aventures de S. Martino avec Claudio Cassinelli, Barbara Bach et Richard Johnson.- Alors qu'ils sont cinq survivants sur une île d'apparence déserte, ils se retrouvent subitement trois et font la rencontre d'une jeune femme qui leur dit qu'ils sont sur une petite terre maudite.- Libre adaptation d'un roman de l'insignifiant Herbert George Wells. Puissante dénonciation des dérives autoritaires de l'humain confronté à un milieu antagonique, des dangers de la science sur la civilisation et de la sénescence en elle-même. Bonne mise en scène à l'aide de caméras massives. Participation remarquée de Mel Ferrer dans une apparition de cinq minutes.-


Philippe Mathieu
janvier 2003 - Québec