La discussion
qui va suivre est une réflexion inspirée du texte «
Regards croisés de lesthétique et de lethnomusicologie
», écrit par Monique Desroches et Ghyslaine Guertin et publié
dans la revue universitaire Protée à lautomne
1997. Je tenterai donc ici, tout en reprenant les principales problématiques
du texte, de cerner les attitudes qui conditionnent le jugement de valeur
musical et jaborderai de ce fait limportance des conduites
découte et des stratégies de réception en ce
qui concerne lélaboration du goût, cest-à-dire
la façon dont les gens perçoivent la musique.
Ainsi, après une première partie qui analyse les différents
paramètres musicaux et extra musicaux conditionnant ce même
jugement de goût, je tâcherai, toujours à la suite
du texte, dappliquer les fruits de lanalyse précédente
à travers trois cas exemplaires : lattitude esthétique
conditionnée par la genèse ou lintentionnalité
du produit musical, lattitude esthétique conditionnée
par les éléments matériels et formels, et enfin lattitude
esthétique conditionnée par la performance live et
son impact sur lauditeur. Jai ici choisi de résumer
en un petit tableau les grands principes méthodologiques abordés
dans la première partie afin de pouvoir ensuite les appliquer dans
une analyse plus approfondie des trois paradigmes cités plus haut.
Conception
musicale
- genèse
- intention
Objet
- Musiques à répertoire fermé
- Musiques à répertoire ouvert ou semi-ouvert
Exécution
- Live (Concert, procession religieuse etc.)
- Indirecte (CD, Internet etc.)
Réception
- attitude esthétique :. - Point de
vue .. - Qualités intrinsèques
de luvre
.........................................................
- Qualités de linterprétation
- Jugement
esthétique: - Appréciation (domaine du sensible)
.................................. - Évaluation
(domaine du cognitif)
- Conduite
esthétique:. - Applaudissements
.................................. - Verbalisation
.................................. - Renforcements
visuels, verbaux
.................................. - État
dextase, émotion
1 Lattitude esthétique
conditionnée par la genèse ou lintentionnalité
du produit musical
1.1
De lintentionnalité à lobjet
Le concept
qui sous-tend tout lédifice est ici lidée dobjectivité
qui se traduit à travers une certaine foi en une beauté
immuable, hors du temps, dont « les règles qui président
à sa conception » ne peuvent êtres changées.
Les auteurs du texte font à ce stade un parallèle intéressant
entre cette objectivisation de la beauté et le classicisme occidental.
En effet, la beauté classique qui se situe dans le prolongement
de la pensée grecque, se caractérise par un certain idéal
de perfection, reposant sur « son adéquation à un
concept, cest-à-dire à des règles déterminées
». Par conséquent, le talent du musicien sera largement tributaire
de sa capacité à développer une singularité
esthétique à travers des règles strictes ou dans
un cas extrême, de sa capacité à exécuter la
règle, minimisant ainsi le rôle de linvention au profit
de la reproduction du modèle. Dominent donc ici les concepts déquilibre
et de foi en la tradition perçue comme vecteur dauthenticité
absolue, cest-à-dire garante du vrai parce quelle est
tradition. Il convient à présent de sattarder sur
ce terme dauthenticité qui en tant que jugement de valeur
repose sur une construction mentale et ouvre par-là même
la voie à différentes interprétations.
On peut distinguer trois sortes dauthenticité, se traduisant
à la fois à travers des paramètres musicaux comme
les instruments, les sons et les formes et à la fois à travers
des paramètres extra-musicaux comme la mise en scène, latmosphère
des lieux ou encore le moment de la journée. Le premier type dauthenticité
est lié à la pratique et peut être qualifié
de dogmatique en ce quil se base exclusivement sur lidée
de temporalité, érigeant lancien comme seul vecteur
absolu (répétition du geste traditionnel, utilisation des
instruments, etc.
). En ce sens, est authentique ce qui a fait ses
preuves par le temps, cest-à-dire ce qui a été,
est et sera toujours, en opposition à ce qui est moderne, ce qui
est censé passer mode. Le deuxième type dauthenticité
est quant à lui lié au sujet, à la façon dont
lindividu interprète la tradition et à son intégrité,
cest-à-dire son honnêteté envers lui-même;
cest celle dont parle Jean During. Il existe en outre une troisième
catégorie qui peut être considérée comme une
authenticité de l'intention en ce que les critères du jugement
de valeur seront subordonnés à la capacité du musicien
à pénétrer lintention du compositeur et à
restituer sa volonté à travers son interprétation.
Mais cette intentionnalité, quest-elle exactement ? Dérivée
de la phénoménologie de Husserl cette notion sous-tend lidée
dun but, dun acte de volonté qui serait la condition
même de luvre et qui la précéderait. Il
faut cependant préciser que si cette intentionnalité peut
être tournée vers lobjet (comme cest le cas pour
une idée formelle que lon essaye de réaliser), le
terme est plutôt à prendre ici dans le sens de médiateur.
Ainsi le but de toute esthétique nest pas forcément
la recherche dune beauté résidant en lobjet
lui-même mais peut être lutilisation de ce même
objet en vue dobjectifs qui lui sont extérieurs. Ce processus
peut très bien se comprendre à travers des phénomènes
musicaux comme la Techno par exemple, dans laquelle le rôle de la
musique est moins dattirer lattention sur elle-même
que de provoquer la transe chez lauditeur.
1.2 Du pôle
de lobjet à celui de la réception
Ainsi, lexcellence
de luvre dépendra de la capacité du compositeur
à exprimer clairement son intention à travers lobjet.
Cette approche renvoie forcément à la culture puisque comprendre
lintention du compositeur, cest comprendre un langage et des
codes spécifiques, en gros cest comprendre le contexte dans
lequel son intention émerge et occupe un rôle. En effet,
la compréhension de beaucoup de musiques traditionnelles dépasse
largement la reconnaissance de leurs paramètres sémiotiques
puisque au-delà du langage, elles occupent souvent une fonction
sociale. Ainsi, elles ne peuvent être totalement comprises en omettant
le pôle de la réception qui dans certains types de musique
se révèle dune importance capitale. En effet, «
chez les Martiniquais dascendance Tamoule, on a recours à
des tambours pour accompagner les cérémonies religieuses.
Mais loin dêtre un simple accompagnement rythmique, les tambours
rituels agissent comme de réels médiateurs entre les dieux
(destinataires) et les hommes (destinateurs). ».
Il faut remarquer quici la musique est conditionnée par le
destinataire puisque le musicien (pôle intentionnel) est tributaire
du pôle attentionnel (les dieux) en ce quil se doit de leur
plaire avant de se plaire à lui-même. Ainsi, dans un tel
cas de figure, le jugement de valeur est logiquement lié à
une forme de connaissance partagée par les seuls initiés
et dépend de la fidélité au code ou au modèle,
du respect de la norme édictée par les ancêtres. Ainsi,
le sens du beau se traduira à travers le caractère intemporel
de lattitude artistique qui en posant comme vraies et absolues certaines
pratiques ancestrales se réfugie dans le dogmatisme.
Ce paradigme nous amène à réfléchir sur les
limites de la musicologie en ce quelle se consacre principalement
à létude de la musique dun point de vue sémiotique.
En effet, et comme nous venons de le voir, il incombe pour comprendre
le sens de certaines musiques de sattacher aux critères sociaux
qui les sous-tendent, daller à lextérieur de
lobjet pour trouver les bases explicatives du phénomène.
Une des raisons de cette omission est probablement liée à
lhabitude contemporaine de dévaloriser la sphère fonctionnelle
au profit de lobjet pur, de lobjet dégagé de
tout référent extra-musical. Cette remarque loin dêtre
anodine nous permet désormais de passer au paradigme suivant.
2
Lattitude esthétique conditionnée par les éléments
matériels et formels du produit musical
2.1 De la conception
à lobjet
Alors que
dans le précédent paradigme, la musique jouait en quelque
sorte un rôle de médiateur, elle devient ici une fin en soi,
rejetant toute intentionnalité en focalisant sur la forme et les
sons pour ce quils représentent et expriment en eux-mêmes.
Il semble quici aussi la volonté première soit de
rechercher des critères objectifs autour desquels pourrait s'accorder
le jugement des hommes, mais la manière dy parvenir est somme
toute très différente.
La musique indienne est en ce sens exemplaire puisquelle considère
les sons et les rythmes comme porteurs de leur propre signification. Cette
problématique qui soulève la question de lautonomie
du langage, demande ici une petite incursion dans le domaine de la sémiologie
musicale.
La sémiologie musicale qui cherche à interpréter
le sens de la musique à travers létude de ses propres
signes nous apprend quil existe en effet certaines règles
de la forme, certaines corrélations entre la structure dune
pièce et la réponse émotionnelle. Il semble par exemple
que lémotion musicale soit subordonnée à la
résolution dune attente et que le climax joue un rôle
de réorientation impliquant la confirmation, la maintenance ou
la rupture du discours musical. Ainsi, il paraît évident
que la forme fragmentée, traduisant un monde étrange et
incertain telle quon a pu lutiliser durant le vingtième
siècle en occident, ne vise pas les mêmes buts que la forme
linéaire dans laquelle on avance dun pas plus assuré.
Qui plus est, nombreuses sont les études qui se sont intéressées
aux corrélations entre le rythme musical et son influence sur le
comportement humain, entre autres celle de Benenzon qui a montré
que lutilisation de la syncope peut favoriser chez les jeunes enfants
un état danxiété. La question est cependant
complexe car malgré son aspect objectif, elle implique la plupart
du temps des référents culturels, et cest peut-être
pour dépasser ces difficultés référentielles
que lécole formaliste sest concentrée sur la
raison, paramètre jugé immuable au-delà de la culture.
En effet, cette école privilégie comme son nom lindique
« le construit sur le vécu » cest-à-dire
en un sens privilégie la perspective ou la démarche par
rapport à lexpérience jugée trop subjective.
Dans une telle esthétique, on part donc de la raison qui est forcément
objective et cest à partir delle que lon élabore
une forme inspirée des règles de la logique et donc du vrai,
une forme quil convient ensuite danalyser pour en découvrir
lintemporelle beauté. Ainsi, et à la différence
du paradigme précédent, le sens de la musique ne réside
plus en lexpression dune intentionnalité qui lui serait
extérieure mais en une forme élaborée par la raison,
une forme à la fois singulière et objective qui sauto-signifie
ou qui selon les mots du philosophe allemand Hanslick, n'exprime rien
en dehors d'elle-même. On peut ici mesurer tout ce qui sépare
cette conception structuraliste, de la conception romantique Wagnérienne
entièrement tournée vers lexpression du sentiment
à travers la musique. Une des conséquences majeures de cette
école de pensée est quen considérant luvre
dun point de vue architectural, en dautres mots au travers
sa propre organisation, le structuralisme engendre forcément une
recherche de nouveauté formelle, jugée plus importante que
la conformité à un modèle.
2.2 De lobjet
à la réception
Il va sans
dire que dans une telle conception, la nature du type démotion
sera largement redevable de la capacité à comprendre le
système utilisé puisque ce sont les qualités et les
règles du langage qui orientent le jugement esthétique.
Ainsi, lexpérience de lauditeur se manifestera à
travers un jugement esthétique de dimension cognitive faisant de
la réception une expérience la plupart du temps individuelle
dans laquelle lécoute se doit dêtre attentive.
On peut à ce titre constater quen créant des uvres
désincarnées et repliées sur elles-mêmes, les
structuralistes et les tenants de lavant-garde ont souvent pêché
par élitisme, obtenant la plupart du temps leffet contraire
de ce quils recherchaient. À vouloir atteindre luniversel
par la raison, ils ont créé des uvres froides et éminemment
subjectives, accessibles aux seuls initiés ou aux néophytes
courageux. En effet, la compréhension de ces musiques passant presque
obligatoirement à travers une analyse formelle conditionnera lexpérience
esthétique qui se manifestera presque exclusivement à travers
un jugement rationnel. La question à se poser ici revient à
celle du message de luvre véhiculé au travers
de labstraction, ce que signifie Beardsley lorsquil affirme
que « la réception dune uvre est liée
à la forme et aux qualités de lobjet ».
Mais en se positionnant du point de vue de lauditeur, comment être
certain quil sattache à un objet pour ce quil
est et non pour ce quil représente ? Pour Genette, l'appréciation
esthétique n'est pas due à des propriétés
de l'objet, mais uniquement à la relation que le sujet entretient
avec lui. Qui plus est, tout en admettant à un certain niveau dinterprétation
lexistence de règles propres au langage, des études
récentes ont montré quen tout état de cause,
lexposition à des pièces dabstraction pure induit
presque toujours chez lauditeur la recherche consciente ou inconsciente
dun référent symbolique.
3
Lattitude esthétique conditionnée par la performance
et par son impact sur lauditeur ou le public
3.1 De la conception
à lobjet
Très
différent du paradigme précédent, celui-ci adopte
même une démarche opposée en privilégiant «
les effets, limpression et les émotions que suscite la musique
sur lauditeur ou sur le public. ». Les deux paramètres
les plus importants sont donc ici le pôle de lexécution
qui se développe à travers la performance ainsi que le pôle
de la réception qui se manifeste à travers une dynamique
créatrice. Cette pensée qui laisse une large part aux émotions
nest pas nouvelle puisquelle soulève un débat
qui, commencé au 18ème siècle avec la querelle des
anciens et des modernes, a trouvé son prolongement direct dans
lesthétique romantique durant la majeure partie du 19ème
siècle. Mais loin de séteindre à la fin du
romantisme, la question du sentiment en musique a été au
cur du 20ème siècle puisquelle a alimenté
la querelle entre les tenants de lidéologie sentimentaliste
et ceux de lidéologie structuraliste dont le précédent
paradigme traitait. Quen est-il donc aujourdhui ? Y-a-til
une réelle interaction entre les émotions et lexpression
musicale qui permettrait daffirmer que le sens premier de la musique
est dexprimer les émotions?
Pour tenter de répondre à cette question les auteurs délaissent
un temps le domaine de lesthétique pour se tourner vers celui
des sciences humaines et de la neuropsychologie. Sans entrer ici dans
une longue explication retenons seulement que « si le but de la
musique nest pas exclusivement lié à lexpression
des sentiments, elle se révèle cependant très adéquate
pour les exposer et les extérioriser » (Langer 1974). Le
point de vue est ainsi plus nuancé et permet dune certaine
manière de relativiser la question du sens. Pour préciser
un peu plus le propos nous pouvons rajouter quil existe pour John
Sloboda deux grandes catégories démotions propres
à la musique : la première réfère aux qualités
intrinsèques dune uvre et dépend des lois internes
de la forme, la deuxième se base sur des constructions archétypales
et associatives la plupart du temps extérieures à la musique.
Dans ce sens, le premier paradigme étudié dans le texte
est plutôt lié à la deuxième catégorie
alors que le deuxième est plutôt lié à la première,
quant à celui que nous étudions actuellement il emprunte
un peu aux deux.
3.2
De lobjet à linterprétation
Les auteurs
concentrent ensuite leur analyse sur lobjet musical en lui-même,
et remarquent quil se traduit principalement au travers des «
musiques à caractère improvisé », cest-à-dire
des musiques dont le sens nest pas à chercher dans une forme
figée mais plutôt dans la façon dont cette forme sera
interprétée ou réinterprétée dans le
contexte de la performance. Ainsi, Le caractère dauthenticité
est ici redevable de ce qui se passe entre linterprète et
lauditeur. On peut remarquer que cette conception dun objet
musical fluctuant est à lopposée du formalisme rigide
qui fige la forme dans le temps. Ainsi, lobjet en mouvement perpétuel
ne peut pas être intellectuellement appréhendé avant
davoir été créé, ce qui nest pas
sans rappeler une des grosses questions musicales du vingtième
siècle, à savoir celle de luvre ouverte, incarnée
par des artistes comme Mauricio Kagel. Pour illustrer par lexemple
ce qui a été dit plus avant, létude se tourne
ensuite vers lanalyse de la musique iranienne sama. Cette musique
de transe qui sexprime principalement à travers limprovisation
puise tout son sens dans le concept du hâl qui peut en quelque sorte
être assimilé à celui de feeling, la dimension
mystique en plus. Ainsi, le musicien investi du hâl atteint un état
de dépassement, un entre deux-monde qui lui incombe de communiquer
à travers la musique dans une véritable performance. Le
jugement de goût sera donc conditionné non pas par la forme
musicale mais par cette capacité du musicien à provoquer
chez lauditeur un état extatique similaire, doù
le sens du mot sama qui veut dire union. Il est évident que dans
un tel concept la prise en compte des référents extra-musicaux
savère déterminante. Ainsi, à limage
des concerts de rock ou de jazz, les paramètres de lieu et de temps
favoriseront une ambiance particulière qui provoquera lharmonisation
des participants.
On est ici à lopposé du deuxième paradigme
puisque la musique, loin dêtre vécue de façon
individuelle, est perçue comme facteur dunification sociale
à travers létat desprit des participants «
dont lunion permet par la force de lémotion, (
)
de créer un climat homogène ».
3.3
De la réception à lobjet
Limportance
accordée ici au phénomène de la réception
soulève lidée de son existence en tant que pôle
dynamique, nobéissant pas nécessairement à
un processus statique dans lequel les participants se contenteraient découter
comme cest souvent le cas dans la musique dart occidentale.
En effet, si dans la tradition savante occidentale lobjet musical
se place la majorité du temps comme intermédiaire entre
le public et le compositeur, il devient ici dépendant du pôle
de la réception à travers lidée de participation
du public ou découte active. On pourrait même ajouter
que dans une certaine mesure le compositeur devient le médiateur
ou lexpression dun objet que le public construit en direct.
Pour illustrer cette idée nous nous éloignerons un temps
du texte originel pour faire une nouvelle incursion dans le domaine de
la Techno. En effet, lorsque la Techno est jouée live, entre
en jeu tout un facteur psychologique visant à assouvir les attentes
du public. Le DJ devra non seulement créer différents types
dambiance, mais également être capable de les préparer
et de décider à quel moment de la soirée les utiliser.
Scrutant les auditeurs en tentant de lire sur leur visage, il se devra
de comprendre ce qui marche et ne marche pas afin den tirer les
conclusions qui conditionneront la suite du set. Ainsi, loin dêtre
passif, le public deviendra partie prenante de luvre et sexprimera
à travers elle.
Conclusion
Jusquà
une époque récente, lanalyse artistique était
le domaine réservé de la science esthétique qui,
à travers létude de lobjet se devait den
dégager le sens. Lapproche des ethnomusicologues est sensiblement
différente en ce quelle renverse le problème pour
sintéresser non pas seulement à lobjet, mais
aussi à la façon dont on le perçoit.
Ainsi, cette démarche invite à sinterroger sur limportance
du vécu dans lélaboration du jugement de valeur, sur
limportance du contexte dans lequel nous vivons, du contexte qui
avant de nous faire musicien ou auditeur fait de nous des êtres
sociaux aptes à apprécier la musique.
Ainsi, alors quil semble aujourdhui de plus en plus évident
que la simple analyse formelle nest pas suffisante à rendre
compte de la totalité du phénomène musical, ce regard
croisé de lesthétique et de lethnomusicologie
nous invite à reconsidérer le rôle de lauditeur.
Car en effet, comment juger une musique qui ne prend son sens quen
fonction du rôle quelle occupe dans la société
? Et comment juger une musique dont le sens est fonction du pouvoir extra
musical que les tenants de la pratique lui confèrent ? Ainsi, musique
et société semblent intimement liées, tant et si
bien que si la prise en considération des paramètres socioculturels
aide à comprendre une musique, il semble également évident
que la musique participe finalement à la reconquête du social.
Khrystell
E. Burlin
Paris - 2001
Bibliographie sommaire
Desroches,
Monique & Guertin, Ghyslaine. «Regards croisés de lesthétique
et de lethnomusicologie». Protée - (1997).
During, Jean.
La musique iranienne. Éditions recherche sur les civilisations
- (1984).
During, Jean.
Musique dAsie centrale lesprit dune tradition.
Cité de la musique/acte sud - (1998).
Duteurtre,
Benoit. Requiem pour une avant-garde. Pocket - (1995).
Ferry, Luc.
Le sens du beau. Le livre de poche / biblio essais - (2001).
Huygue, René.
Sens et destin de lart. Flammarion - (1985).
Sicko, Dan.
Techno rebels. Bilboard books - (1999).
Sloboda,
J. & Juslin, P. Music and Emotion: Theory and Research. Oxford
- (2001).
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